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Le travail de Benoît Ponty semble tourner autour de la notion de voir – ou plutôt de faire

voir. Chacune de ses pièces révèle en effet les mécanismes à l’œuvre derrière ce qui paraît le plus banal, ce qu’on n’a plus l’habitude de questionner. Ainsi le regardeur, mis face à un emballage plastique, un socle de chantier ou encore à la valeur du café à une date précise, est invité à ne pas prendre le « réel » comme un donné.

Avec One past economic year ce n’est pas seulement l’économie derrière chaque objet de consommation qui est soulignée, mais également le modèle financier qui soutient la production artistique. Comment est arrivé ce café jusqu’à l’artiste ?

Qu’a-t-il dépensé pour engendrer cette œuvre ? Un retournement similaire se ressent devant Espace Temporaire, cette installation qui rend statique des barrières de chantiers habituellement mobiles. Benoît Ponty enracine ici l’errance ; il ancre à l’heure où la liberté a pourtant tout rendu volatile : lieux de vie, argent, données, relations…

Pourtant, même si tout semble aujourd’hui temporaire – et surtout les packagings jetables – nos déchets le sont de moins en moins. Même si les bouteilles plastiques,

qui forment d’ailleurs la base de la série Packs, sont provisoires à l’usage, elles sont terriblement pérennes à l’échelle du temps de leur dégradation. L’artiste utilise ainsi les codes et l’esthétique même de la modernité économique, tout en faisant confiance aux spectateurs sur leur capacité à voir, via son coup de pouce, au travers de son vocabulaire.  

 

Charlotte Cosson et Emmanuelle Luciani

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